jeudi 12 février 2015

Piercing Sauvage Ku'be

Al'Кα s'isole avec le Hunter dans une des ruines longeant le camp. L'endroit semble être le lieu de passage de quelques Larts, des traces au sol et des feuilles agitées montrant une sorte de coulée menant au point d’eau. Ce n'est pourtant pas pour la chasse qu'il est venu, mais pour trouver enfin quelques Ahns pour mieux connaître l'ancien Torvi, les obligations et les différents évènements ayant laissés les deux hommes assez éloignés l'un de l’autre. Al‘ka dévisage un instant Ku’bé, sourire aux lèvres en le comparant avec ce mâle qu'il avait mis en cage le premier jour. Quelle évolution... quelle fierté. Un signe était fait comme une sorte de salut plus profond, une façon d'afficher le respect d'un chef pour un de ses guerriers qui grandit " J'aime ce que tu deviens Hunter "

Ku’bé suit le chef de pas trop loin, toujours impressionné de sa stature imposante, ses muscles saillants, et le racé de sa démarche. Nul doute qu'il était une menace pour les cités... et avec raison. Il reste surpris, et touché par les mots du kosi, il ne s'attendait pas à ça. Il a un profond respect pour Alka, ce pourquoi il est toujours ici, et le suit comme il peut de par les raids, ou autre. " Je suis heureux de te revoir, mon chef. Les temps ont été plus durs, les dernières mains. J'ai senti que tu avais des questions, pour moi, lors de mon récit. Sens-toi libre de me les poser. Aussi... j'ai deux choses dont j'aimerais sérieusement te parler."    

Al'Кα penchait le visage de côté. L'endroit offrait un espace au sec, les feuilles jonchant le sol donnant une sorte de matelas hermétique sur la boue qui recouvre le terrain du schendi. La lance était détachée du dos de l’Inkosi, délesté de son carcan et finalement plantée à la verticale à côté d’eux. Ce symbole était celui d'un moment de paix, geste utilisé aussi pour afficher qu'on désirait Trade. Celle fois pourtant, on ne parlait pas de commerce mais peut-être d'amitié naissante. Un nouveau geste est fait mais cette fois vers le bas, les jambes de l'Inkosi pliant souplement pour venir presque au ralenti s'asseoir devant Ku‘bé. Il espérait que l'ancien Torvi le rejoindrait pour pouvoir parler plus librement. Son sourire s'étire et affiche les dents limées, Al‘ka oubliant parfois le coté tribal de son allure quand il se met à offrir un rictus presque carnassier. " Parles-moi en premier alors Hunter "

Ku’bé défait aussi son carquois, et le dépose en miroir de celui du chef. Il vient sans hésiter s'asseoir près de lui, et lui répond par un sourire un peu plus jovial car moins ressemblant de celui de sa fille Shujaa. "Alors, la première est pour moi symbolique. J'aimerais que toi, mon chef, tu marques ma peau. Mon appartenance à ce groupe, ma tribu et ma famille. Ici..." Il pointe son nez, le haut de l'arcade, entre les yeux. "J'aimerais y poser os, un, deux... peut-être. Après imami, pledge, et hunter. Comme une hiérarchie de statut..." Éventuellement, des changements plus importants surviendront. Un vrai mamba, jusque dans sa chair, son cœur, son corps. L'autre sujet est complexe, parce que ça parle de kikes. Il y va librement, sachant que le kosi ne le jugerait pas. "Sa'afi m'attire... Beaucoup. Je n'ai pas vu Tel'nek depuis tellement longtemps. Mais de ce que j'ai parlé avec mes frères, je peux partager mon cœur entre deux... cha?" La M'wana lui manquait, énormément même, mais depuis le tout premier jour, lui et Sa'afi avait eu une attirance électrique, et depuis son absence, il réalise à quel point elle lui a manqué.

Al'Кα s'imprégnait de l'ambiance pendant que Ku‘bé cherchait ses mots. Son regard déviant aux alentours et admirant ce côté de la Jungle où il venait peu. Le clapotis de l'eau dans leur dos faisait un véritable bruit de fond avec le son assourdissant des oiseaux exotiques. Un léger vent secouait la végétation autour d'eux étouffant les sons comme dans un cocon. L'endroit choisi offrait même un peu d'ombre à cause des vestiges de pierres autour d’eux... un vrai palace au milieu du Schendi. Il s'équilibre comme il peut et vient observer le nez intact de Ku‘bé, imaginant la place sur l'arête qu'il faudrait pour placer une ou deux ouvertures pour placer les os. À sa demande Al‘ka venait s'approcher de Ku‘bé et lui saisissait le menton pour venir le forcer à tourner le visage, obligeant au nez légèrement busqué à se faire soumettre à un examen presque médical. La proximité sera de mise pour la seconde question, les deux visages se faisant face pour la suite. " Tu es Hunter Ku‘bé, tu peux choisir librement une Kike, deux si tu le souhaites, et tu peux lui imposer de s'unir à toi quand elle a des M'toto venant de ton esprit. Tu n'as aucune obligation pour les Kikes, autant qu'elles n'en ont pas pour toi" il souriait légèrement " Une Mamba est une femelle Tharlarion... elle ne se dompte jamais entièrement"


Ku’bé se laisse prendre le menton par le chef, appréciant même le contact de sa main chaude et calleuse contre sa barbe. Il fait entièrement confiance au kosi que ce dernier visualise déjà où il posera les os, exactement comment, de la manière qu'il s'y prendra. Il l'écoute plus qu'attentivement lorsqu'il valide les mots entendus de Waki, et ceux échangés avec Sa'Afi. Il connaît Tel, elle sera probablement dans une colère noire, mais après... pouvait-elle vraiment lui en vouloir d'être homme et désirer ce qu'il peut trouver avec sa sister d'arme? "Ça, je l'apprends à la dure, et tu as absolument raison à propos de Shujaa... Elle est têtue." oui, direct le lien avec sa fille adoptive. "Les kikes sont précieuses, et tellement... fortes dans les Jang’ka. Elles sont belles..." Il pensait ses mots. Il trouvait vraiment que parmi tous, ce peuple était le plus fort, varié, ouvert et ben... sexy.

Al'Кα se figeait quand Ku‘bé lui avouait la beauté des femelles du clan. Il leur trouvait à toutes quelque chose de particulier également. " Beaucoup de Kikes Jang'Ka ne sont pas nées parmi le peuple Tharlarion mais j'essaie à chacune de les amener au plus proche de ces femelles qui m'ont fait grandir." L'index effleurait l'arête du nez pour en jauger l’épaisseur, les os du Torvi semblaient puissant et il serait difficile de percer le cartilage "Les Kikes Jang’ka ont cette fierté de faire naître des Askaris, ces guerriers du Schendi qui savent dominer tout ce qui vit sur leurs terres. Dès l’enfance, elles leurs apprennent la survie, elles leurs apprennent la force, elles leurs apprennent la fierté" La main d'Al‘ka se retirait pour venir pencher le buste vers le Hunter et baisser le ton dans un mime de divulgation de secret " Seules des vraies Femelles sont capables de cela. Le blanc les brise, leur fait oublier leur place pour se sentir plus fort. Nous sommes ça Ku bé"  Les mains d'Al‘ka venaient se rejoindre, chaque doigt trouvant son jumeau pour se replier et s'unir " Elles sont notre force et nous sommes leurs armes, elles sont notre humanité et nous sommes la bestialité." Ses mains se désunissaient soudainement pour reprendre le menton de Ku‘bé et lui faire plier la nuque vers l’arrière, obligeant le visage à se tourner à la lumière " Je peux mettre deux os ici Hunter, un troisième obligera à percer l'os et t'empêchera de prendre le souffle quand tu chasseras "

Ku’bé ne peut qu'acquiescer aux mots de son chef, c'était tellement juste, cette dualité homme femme. "Mais parfois je t'envie, kosi... qu'est-ce que ça doit être de trouver son égal dans un Kiume. Tellement moins complexe..." Rawwww les kikes, sa plus grande attirance, mais son plus grand casse-tête. Le verdict se pose ensuite, la tête toujours dans la serre d'Alka "Bien, alors deux seront posés. Et aucune raison que je perde ne serait-ce qu'un chouilla de ma force et mon agilité dans la chasse!" Ah ça non! Parce qu'il était efficace, dans son genre.

Al'Кα tilt légèrement quand Ku’bé lui parlait de son attirance pour le même sexe. Lui avouer à cet instant que cela pouvait paraître déviant même parmi un peuple aussi libre que les Mambas aurait brisé le mythe. Dans les faits, il était assez discret sur sa relation avec Ha'Ka'n, plutôt pudique même, pour ne pas déséquilibrer les mœurs et les règles qu'il imposait au reste du camp. Sa main quittait enfin le visage de Ku bé et le sien basculait pour venir en gros plan au vu du rapprochement montrer au Hunter la technique qu'il allait utiliser pour marquer son nez " Regardes moi... les Kikes ont percé le mien quand j'étais presque M'toto, on ne touche pas l'os, on perce la peau à cet endroit et on passe l'os tout contre"  Il venait de son doigt presser le coté de son propre piercing qui révélait la bosse de l'attache du morceau d'os. " Ce qui est pris est... Larts. Ils sont solides et certaines parties sont plus fines " Al‘ka venait saisir une lanière ornant son cou, détachant quelques morceaux de cuir retenant les trophées alignés sur les cordes sombres. Griffes de Tharlarion rivalisaient avec dents de Larts et morceaux de restes humains. C'est la lanière alignant un ensemble d'os de Larts de plus ou moins grande taille qui sera saisi, cherchant les os qui iraient le mieux d'un point de vue taille et coupant la lanière pour en prélever trois ou quatre " Tu chasseras la Prey pour m'obtenir le même collier, Sa'afi le confectionnera. Yebo ? Penche la tête Hunter... je vais percer ta peau "

Ku’bé suit les mouvements lestes du chef, quand il prend son collier, et lui montre le démonstrateur. Chasser lart, oui, il le ferait. Mais quand il l'invite à reculer pour se faire percer... "Maintenant?" avec un éclair de lucidité. Mais... euh... ici et maintenant, sans eau, rep, ou même hydromel, par Odin! Mais ce que Kosi voulait, Ku‘bé le ferait, et ce, sans questionner.

Al'Кα secouait le visage avec un côté assez impérieux. Ku‘bé avait choisi de se faire percer par le chef et malheureusement ça ne se ferait à la manière douce et expérimentée des Inyangas. Al‘ka fixait quelques Inhs son acolyte et venait ironiser l'instant " Tu ne vas pas avoir peur de quelques coups de couteaux Hunter Jang'ka ... " Il venait de nouveau s'approcher de lui et observait l'arête du nez avec attention. Un bruit bruyant de reniflement lui échappait, réfléchissant à la façon la plus efficace et la moins dangereuse pour les yeux du Hunter de procéder au piercing. Il finira par se redresser et faire ça à la façon tribale, rassemblant quelques morceaux de bois dispensés un peu partout pour créer une sorte de tas au centre des ruines. Une mousse de couleur claire était sortie d'un des sacs en cuir accrochés à sa ceinture et le claquement de deux pierres mettait l'étincelle sur ce départ de feu. On sentait l'expérience, seules quelques Inhs semblant nécessaire à créer la chaleur d'un feu naissant. Al‘ka soufflait doucement sur le départ des flammes pour créer enfin le foyer, rassemblant d'autres morceaux pour qu'enfin le feu lèche la mousse et le petit bois. Il détachait de sa ceinture un des petits couteaux alignés sur son ventre. Il choisissait le plus fin, objet long et tranchant terminant en pointe qui permettait de dépecer ou forcer certaines serrures. Il laissait mordre le feu naissant sur la lame, observant Ku‘bé et devant le tas d'os de Larts et éclatant de rire " Les mambas marquent les plus jeunes M'toto dès l’enfance... le nez percé... certains de familles de Sangoma sont également marqués sur la peau... des signes qui remplacent les peintures tribales au sang." Il venait retourner le couteau pour chauffer l'autre côté de la lame, le feu faiblard mais nourrit de brindilles régulières faisait son taf et cramait chaque vestige de sang sur la lame " Et puis il y a les dents... celles que l'on doit offrir pour notre passage à l’âge adulte. C’est la Meno Sherehe " Il se redressait et revenait vers Ku‘bé, le moment douloureux allait commencer... à la tribale... à la Jang ka " respire fort Hunter "

Kube’Ba admira la dextérité flagrante d'Al‘ka pour le toto, il avait vu les kikes de la tribu le faire, mais avec beaucoup moins d'exactitude et d'adresse. Il devine ce que le chef s'apprête à faire, lorsqu'il plonge sa lame dans le feu pour nettoyer en quelque sorte la dague, la purifier et l'aseptiser. Effectivement, il avait choisi le chef comme pourvoyeur du piercing, maintenant, il devait accepter la manière. Tant que l'infection ne prenne pas, lui... Il inspire longuement, et plonge sa focale dans celle du kosi, pour oui, lui montrer son courage, mais surtout, sa détermination en ce geste symbolique. "Je suis prêt." Il ne lâche pas le regard ambré du mamba, attendant la suite.

Al'Кα pliait lentement les jambes, le genou touchant terre juste devant le Hunter. Il viendra ajuster son équilibre pour ne pas être dérangé dans sa position, cherchant dans un minimum de confort à ne pas devoir glisser au dernier moment ou risquer de voir sa lame manquer sa cible. La situation paraîtrait presque cocasse pour un œil extérieur, Al‘ka à genoux face au Hunter, la main lui relevant le menton pour la troisième fois de la soirée et le feu mourant dans leur dos. Ça n'était pourtant pas une demande en mariage mais bien un instant qui marquerait l'esprit de Ku‘bé jusqu'à la fin de son existence. La respiration d'Al‘ka était le décompte des secondes, le torse juste devant le nez de Ku‘bé se soulevait avec une placidité qui étonnait, comme si faire couler le sang d'un frère était une activité quotidienne. La main de l'Inkosi venait, caressante, effleurer la mâchoire, le pouce remontant le long de la joue pour calmer également la respiration de l'ancien Torvi " Tu dois te contenir, prêt ? Ça peut être très rapide, mais devenir dangereux si tu bouges, appuie-toi sur moi Hunter, place chacune de tes mains sur mes cuisses et serres si la douleur devient trop forte, Yebo ? " Il se voûtait légèrement, l’odeur de sang de ses peintures devait s'imposer à Ku‘bé alors que son ombre était au-dessus de lui. L'index et le pouce d'Al‘ka pinçait l'épaisse peau entre les yeux, détachant la chair du cartilage pour estimer la profondeur de la coupure qu'il devrait faire. La lame apparaissait, fin cisaillement en os qui permet de taillader les proies les plus fines. La pointe de plaçait à l'endroit qui serait percé, attendant que les poumons de Ku‘bé soient remplis d'air pour venir d'un geste brutal frapper sur le couteau et venir le faire transpercer la peau. Il n'y avait ni os ni veine, que cet épiderme épais qui recouvre le haut du nez et le trou se fera par simple pression brutale sur la chair. La main de l'Inkosi prend aussitôt place sur le front du Hunter, cherchant à apaiser alors que la douleur doit être à son maximum, chaque pulse devant marteler le nez de Ku‘bé " Respire... respire encore... Ne crains pas les larmes... c'est normal... souffle... "

Ku’bé suit son conseil, il s'agenouille pour la peine en face de lui, légèrement écarté, bien en place pour ne pas avoir de mouvement de recul impromptu et incontrôlé. Il inspire longuement, et lorsque plein, Al‘ka en profite, tel que promis, pour enfoncer la lame dans la chair. Il lâche un cri, surpris par la douleur vive et franche, et se maintient en place en tenant les cuisses du chef. Il se demande à cet instant comment il pourrait supporter une seconde fois cette douleur. Au moment même où le mamba aux odeurs fortes, animales et brutes lui annonce qu'il pleurera bien malgré lui, il sent rouler de grosses larmes sur ses joues qui vont mourir dans sa barbe. Il serre les dents, attendant la suite, qui sera, il le souhaite, rapide...

Al'Кα laisse le temps de quelques battements. Il sait que l'opération ne doit ne pas être longue pour que le corps ne réagisse pas avec trop de nervosité à l’invasion. Les muscles du visage de Ku‘bé se tordent... se contractent sous la douleur et la rébellion de ce qu'on fait subir à un partie de l'anatomie faciale. Al‘ka saisit un des os posés au sol, décollant légèrement la lame pour écarter la chair et venir faire longer l'objet décoratif dans l'espace désormais rougeoyant de sang. La lame sera retirée d'un geste nerveux, l'os appuyé sur le nez obligeant les chairs à se placer autour de la nouvelle masse entre cartilage et peau. Une caresse est faite le long du front, massant la base des sourcils pour décontracter la zone. Quelques mots en Schendien sont offerts, venant d'un sourire rassurant montrer à Ku‘bé que tout se passe bien et qu'il admire son courage. La voix d'Al‘ka se fait plus rauque, presque comme un cérémonial qu'il reproduit pour l'instant particulier. Il attend que la respiration du  mâle Jang Ka s’apaise, ferme quelques Inhs les yeux pour se reconcentrer et vient d'un mouvement presque instinctif reproduire le geste. Pincement de peau juste en dessous du premier piercing qui enfle déjà sous la réaction et perçage de la lame dans le même sens, trouant la chair dans un axe parallèle à la première fois. Le front de l'Inkosi vient se placer contre celui de Ku‘bé le temps que la deuxième douleur se calme, chaque main cajolant la nuque du Hunter pour la presque fin de cette épreuve.

Ku’bé décide de laisser ses yeux fermés quand la lame s'étire pour laisser l'os se mettre en place. La douleur est réellement puissante, et les larmes se suivent et se succèdent sur son visage maintenant barbouillé de larmes. Il n'a pas honte, phénomène naturel sous la manœuvre à cet endroit. Le massage près des sourcils est un réel soulagement, et il réalise à quel point il commence à entrer dans un second état, l'adrénaline commence à se répandre dans son corps, le droguer, et l'insensibiliser graduellement. D'autre part, cette zone est parfois intense, comme un blackout de la réalité environnante. Le second coup est comme un écho au premier, mais un peu plus distant. Son pouls résonne partout dans ses tempes, et lorsque le kosi vient se poser contre sa peau moite de sueur, il s'appuie contre lui aussi, et souffle comme un bosk pour tenter de se détendre. La main du chef sur sa nuque, mêlée à sa proximité, le rassure et l'apaise, dans une certaine mesure. Pour l'heure, il est dans une semi conscience, drôle de feeling. Aucun mot de sortira de sa bouche, tout son corps parle pour lui.

Al'Кα offre un peu de repris au hunter. La fin de son épreuve est proche et il sait qu'une dernière manœuvre sera suffisante pour placer le second ossement. L'entaille sera élargie comme la première fois, la place plus basse ne permettant pas la même facilité d'écartement que lors du premier piercing. La peau est déjà moins épaisse, s'approchant de l'arête et de la finesse de la peau. L'os choisit sera plus fin, d'une longueur presque équivalente au premier mais au diamètre moins imposant. Al‘ka plante sa focale sombre dans celle de Ku’bé et vient d'un geste presque tendre essuyer les larmes naturelles, les sinus traumatisés éjectant tout le liquide lacrymal qu'il a en stock. Al‘ka reste contre le Hunter en attendant que les réactions reviennent chez lui, il continue de lui parler Schendien, l'accent cette fois marqué quand il n'articule pas rendent ses mots presque méconnaissables. Ku’bé pourra malgré tout deviner le mot "jipeni moyo [courage], anastahili [digne] ou kiburi [fierté]" Al 'Кα  se détache finalement de lui et le laisse reprendre ses esprits. Le silence est de mise, seul le bruit du Schendi venant perturber l'alignement de leurs respirations. Un unique filet de sang commencera à suinter sur les deux plaies, la peau enflée par le traumatisme collant l’os, cautérisant finalement la plaie de façon naturelle. " Comment tu te sens Hunter... nous allons chercher plante qui aidera à soigner plus vite... bouge os régulièrement pour que la peau ne se referme pas autour. Yebo ? "

Ku’bé  gémit de façon tout à fait inconsciente quand le kosi se détache de lui, signe qu'il allait recommencer. Il ouvre les yeux, cherche de sa focale son chef pour se rassurer, mais aussi pour reprendre contact avec la réalité, qui semble totalement distordue pour l'instant. Quand il refait la manœuvre, c'est avec un réel soulagement qu'il constate que l'endroit est moins sensible à cause du rush d'adrénaline et l'engourdissement naturel général, mais surtout que le second os est moins imposant. Il commence à respirer plus calmement, ses épaules qui, jusqu'alors étaient coincées commencent à reprendre une place plus naturelle. Le stress baissant à mesure que les gestes se précisent et terminent leur travail. La litanie d'Al‘ka fait son œuvre, le hunter se calme au fil des Ehn. "Yebo, je le ferai...." et plus que tout, en ce moment, ce qu'il aurait souhaité était impossible: un bloc de glace sur son nez fiévreux et douloureux. À la place, probable que les plantes aideront à leur façon. "Asante... Inkosi." en baissant les yeux, et la tête, en remerciement respectueux.

Al'Кα se penche légèrement. Le plus dur était passé et Ku‘bé avait passé l'épreuve comme un vrai mâle du Schendi. Vrai que pour le coup, on apprécierait les techniques des blancs qui mettaient toujours la douleur loin des emmerdements du quotidien. Mais le Mamba était comme ça, il se tailladait les bras pour faire couler son sang dans des promesses, il se scarifiait la peau pour marquer les étapes de sa vie et s'arrachait les dents pour prouver aux esprits qu'il était un homme et qu'il était un digne représentant du peuple des Tharlarion. Peu de peuplades allaient affronter la mort pour se sentir Jang’ka... Peu de peuplades pouvaient montrer de la fierté à n'avoir pas plié le genou. " Viens suis moi Hunter. " Al‘ka aidait le mâle à se redresser, reprenant sa lance et entraînant le Jang’ka dans la jungle. Il trouvera vite une plante ressemblant à une fougère, arrachant quelques feuilles orangées et venant les entasser dans sa bouche. Al‘ka mâchouille en surveillant son patient... Le pauvre... il massacre la plante à l'aide de ses dents et vient cracher une sorte de pâte épaisse et saliveuse qu’il montre à Ku‘bé " Ca. Comme ça... regardes... et tu la places dessus." Bon il ne va pas lui refiler son glaviot planteux mais arrache déjà des plantes pour que Ku‘bé l'imite.

Ku’bé se lève donc, s'aidant du bras du chef pour le remettre sur pied. Son pouls bat dans la partie haute de son nez, étrange douleur que celle-ci. Entêtante, surtout. Il suit le chef dans la jungle, s'étant préalablement réarmer aussi, en prenant soin de passer sa sangle loin de son visage, pour ne pas s'accrocher. Lorsque qu'Al‘ka mâchouille la fougère, il grimace dans un premier temps parce qu'il devine le goût, dans un second temps il grimace parce qu'il a mal d'avoir grimacé, puis il sur grimace au final parce qu'il était convaincu que le chef allait lui foutre la boule de schmue sur la tronche. Rassuré quand il ne le fait pas, il reprend un air bête pour ne plus tendre sa peau, et mâchouille tranquillement l'herbe, en fait une pâte, et la pose sur ses blessures. "Je le rince à grande eau?"

Al'Кα acquiesce "Yebo. Cela passe vite Ku‘bé, demain tu n'auras plus que la gêne. Décolle-le pour qu'il puisse s'enlever et se remettre." Il vient frapper l'épaule de' Ku‘bé gentiment, compatissant presque du traitement violent qu'il lui a imposé... c'est lui qui l'a demandé en même temps!! Sans anesthésie hein ! " On rentre au camp "

Ku’bé "Rentrons..." rassuré par les mots du kosi mamba. Le temps, comme toute chose, allait faire son œuvre. Rien sans peine... jamais parmi les Jang’ka.

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