samedi 14 novembre 2015

A la recherche de son animal totem: Kat'an


Le vent soufflait fort en cette nuit, glaçant sa peau et le forçant à fermer les paupières presque entièrement. Chaque coup plus soudain qu'un autre, venait faire valser ses cheveux trop long en une explosion capillaire autour de son visage, claquant ses joues et ses tempes comme un millier de mini fouet, gelé par le Nord insouciant des vivants le parcourant. Sous le poids de ses pas, la neige crissait en s'enfonçant alors que Kat'An poursuivait sa route sans relâche; Ployant un bras devant son visage, comme un bouclier pouvant alléger la dangerosité de l'environnement.

Il avait échoué, parce qu'il avait sous-estimé le renfort possible qu'aurait l'homme. Il s'était si longuement entraîné au corps à corps, à maîtriser ses nouvelles armes tirées du Schendi, qu'il en avait durement négligé le maniement de son arc. Une honte, pour ce qu'il était à la base : Un chasseur. La désillusion tombait, aussi durement que la neige recouvrant l'édredon des terres du Torvaldsland... Il s'était oublié. Il avait oublié qui il avait été. Où était passé ce fier chasseur au tempérament de feu, qui avait survécu seul toute ces années dans le grand nord ? Il avait, bien malgré lui, laissé la place aux réflexe de groupe : Les kikes à l'arc, les kiumes à la lance. Et jamais seul. Une meute, qui formait deux front parfaitement uni lors d'affrontement. Et ça c'était ressentit dans sa technique d'approche.

Pourtant, comme chaque fois qu'il venait à marcher de nouveau sur les terres l'ayant vu naître, il se sentait différent. Et infiniment perdu. Les bras à nus sous la morsure du vent, il frissonnait. Pourtant... Oui, pourtant, il aurait dû être satisfait, d'être si loin du Schendi. Combien de fois, dernièrement, s'était-il demander de nouveau, pourquoi il restait au sein de la tribe ? Rien n'allait plus. Il ne s'y habituait pas, pensait-il à tord et à travers.

Un vent plus violent le secoua et il perçut, au travers le bruit des rafales, un son plus distinct d'une corde qui lâchait. D'un mouvement vif, Kat'An se retourna en tendant le bras juste à temps pour rattraper ce qui venait de quitter son dos et il ramena la main devant lui, ouvrant les doigts sur la sculpture de deux giani miniature, qu'avait sculpté Valandyl, lors de sa première chasse au Nyeupe pour Ha'Ka'N. Et il l'avait rattraper de ce même bras où manquait toujours le bracelet qu'il avait offert lors d'un trade, pour que Poison reçoive quelque chose susceptible de l'aider à sortir d'une cage.

Bêtement, il écarquilla les yeux, les iris tremblants presque sous l'état de choc qu'apportait l'évènement. Comment pouvait-il se croire seul ? Comment pouvait-il encore songer à la tribe comme n'étant pas 'chez lui' ? Alors que même si loin, il emportait avec lui, inconsciemment, tant de chose le rattachant à la tribu Jang'Ka. Un claquement contre son torse vint le sortir de la réflexion et de son immobilité; Le grigri de la Sangoma, venant taper contre sa cage thoracique, le força à reprendre le cours du réel : Il devait reprendre sa marche, ne pas s'arrêter. C'était l'immobilité, qui parvenait a tuer les voyageur perdu après tout.

La nuit était déjà bien avancée, et il ne marchait plus qu'à la force de l’instinct et de la volonté. La dernière fois... Oui, la dernière fois, c'était aussi cette attitude solitaire, qui l'avait poussé à devoir attraper un nyeupe... Il avait exploser, en plein milieu du camp, après que le grand blond l'ai trop poussé dans ses limites... Il était parti chasser, un larl blanc. Et Ha'Ka'N en guise de sanction, l'avait envoyé chasser un nyeupe.

Là encore, alors que plus rien n'allait correctement, alors qu'il avait été si cru envers la tribe et l'un des alphas, Ha'Ka'N le renvoyait de nouveau chasser le nyeupe. Kat'An en vint à se demander si le grand chef lisait en lui aussi simplement, malgré la carapace qu'il gardait toujours en bouclier. L'envoyait-il en pareil mission, pour lui remettre les idées en place et lui faire réaliser à quel point il avait besoin de la tribu, et lui rappeler ce que lui-même tendait à oublier dernièrement ? Il voulait être avec eux...

Et lorsqu'il l'oubliait, rien de tel pour le lui rappeler, que de se retrouver seul et désemparé, à mille lieux du camp. Il soupira, en oubliant ce qu'il soupirait habituellement, jadis, dans de tel moments, et il continuait sa route. Quelque part, sur une île non-loin, il savait qu'il trouverait un rassemblement d'arbres, qui lui permettrait de se mettre à l’abri de la tempête. Encore fallait-il qu'il arrive jusque-là. De nouveau, il s'arrêta, les sens aux aguets alors qu'il lui semblait être suivi et il se retourna d'un mouvement sec, prêt à faire face à un adversaire. Peut-être le camp venait-il finalement de changer d'avis et désirait le prendre à revers ? Mais seul une bourrasque de vent le gifla et un cris perçant filtra. Kat'An releva la tête, mais rien... Le ciel était vide de toute présence, et seul la neige venait l'animer dans l'obscurité de la nuit. Pourtant, il aurait juré avoir vu l'ombre d'un volatile...

Quand enfin il arriva à couvert des arbres, il sortit quelques cordes solide et plia les branches les plus basses des sapins environnants, les attachant au sol pour former une hutte basse mais qui aurait le mérite d'au moins couper le vent pour la nuit... Et il s'y effondra, purement et simplement, à bout de force par les combats et le périple l'ayant conduit au nord...

C'est un cri strident déchirant le ciel qui commença à le ramener à la dure réalité. Qu'était-ce ce cri ?

" Kat'an... Kat." Une voix, quelque part dans l'obscurité... " Mais que fait-tu là ? " Un rire claire, doux...

Et de nouveau ce p'tain de cri aigu perçant le ciel.

" Nous sommes le peuple tharlarion ! "

Le mouvement fut sec et brusque : Kat'an se redressa d'un soudain en position assise, alors que la voix guttural et grave, venait de le gifler et il repris étrangement conscience des mots dont il se souvenait, alors que d'une main, il dégageait l'entrée de sa hutte improvisée, juste à temps pour voir une ombre fendre la plaine devant la foret. Comme si un grand oiseau traversait le nord. Mais quand il releva la tête, il n'y avait rien...

Que faisait-il ici ? Les tharlarions ne vivaient pas dans le nord... Alors que faisait-il ? À courir après son passer à chaque fois qu'il avait une épreuve... Merde. Non ! Il ne devait pas capturer un torvis pour prouver sa valeur. Les torvis étaient trop loin pour menacer les siens ! Il devait capturer un nyeupe qui était menaçant pour la sûreté de la tribe ! Et tel le tharl, chasser les intrus sur le territoire de sa meute ! Il sursauta, raffermissant les prises de ses armes sur lui, et reprenait la route au pas de course, pour rejoindre le schendi... Direction Nyoka !

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