Tanka et Ash le lendemain de leur union dans le temple au réveil...
Sumanitu Tanka tend le bras pour choper un fruit qu'une inahan a apporté un peu plus tôt, ils avaient eu livraison du ptit dej visiblement, Tanka aura eu une vision étrange d'une blanche dans ses furs et mettra ça sur l'herbe qu'il a fumé "Hou Tehila Yangu" il croque dans le fruit juteux en caressant les cheveux de sa douce, c'est seulement maintenant qu'il remarque que le liens de cuir a cédé.
Ash'een'aali s'éveille doucement, frottant la tête contre la main qui caresse " Hou kiume yangu" elle s'étire dans un long bâillement avant de suivre l'odeur du fruit pour y coller sa bouche et croquer.
Sumanitu Tanka la laisse croquer dans le fruit et s'en reprend une bouchée au passage croquant avec elle, il la regarde en mâchouillant n'ayant toujours pas quitté son sourire, ils étaient quand même dans une bulle dans ce temple à l'abri même des bruits de la jungle et même si Tanka n'aime pas trop les endroits clos, l'ambiance de cette pièce était apaisante et marquée de souvenirs "Niliona macho kijivu usiku huo ... macho kijivu kuangalia mwezi tatu nikasikia wao walikuwa wakiimba (J'ai vu les yeux gris cette nuit... les yeux gris regardaient les 3 lunes et j'ai entendu qu'ils chantaient)" un nouveau rêve étrange qu'il voulait partager pendant que c'était encore frais à son esprit, l'image toujours floue ne lui montre que ces yeux mais il les suit depuis qu'il est enfant.
Ash'een'aali enfouit les doigts dans ses cheveux, longeant la tempe d'une caresse. A l'écoute du rêve raconté elle se presse contre lui "Kuimba kwa ajili yenu??" (Qui chantait Qui chantait pour toi ??)
Sumanitu Tanka acquiece, c'est bien ce qu'il avait ressenti "Yebo, rangi ya macho alinitazama na wao inaonekana katika anga kuimba mwezi tatu yalikuwa mazuri na hakuna wingu kujificha yao, yeye aliimba kama maombi, kana kwamba furaha na maumivu walikuwa na uhusiano na kilio .. .. (Yebo, les yeux gris m'ont regardé et ils ont regardé le ciel pour chanter, les 3 lunes étaient belles et aucun nuage ne les cachaient, il chantaient comme une prière, comme si la joie et la peine se liaient dans un cri.... )" il essaye de décrire l'émotion qu'il a ressentit en entendant le hurlement du kalbat, et ça semble avoir bouleversé un peu son esprit.
Ash'een'aali bascule légèrement pour mieux voir son visage, et ses yeux à lui, deux éclats gris sombre dans la lueur faible du temple, la pulpe de l'index effleurant ses lèvres "Kama yeye wito kwenu, kupata Tehila , ni mara nyingi huja katika ndoto yako , ndiyo ? " (Si il t'appelle, trouve le tehila, il vient souvent dans tes rêves, oui ?")
Sumanitu Tanka se plonge dans les yeux sombres de sa femelle qui n'a pas oublié les nombreuses visites de ses yeux gris "Jinsi anatakiwa kufanya kufuata? Mimi naona nao katika ndoto yangu (Comment je dois faire pour les suivre? je ne les vois que dans mes rêves)" il laissera le reste du fruit à Ash réfléchissant à ce qu'il pourrait faire pour faire apparaitre ces yeux gris et les suivre on ne sait où dans le Shendi.
Ash'een'aali lui sourit, c'est l'arête de son nez qu'elle dessine, l'angle de la mâchoire " Ash unaweza kusababisha akili yako na ndoto bila usingizi "(Ash peut conduire ton esprit, sans sommeil vers le rêve). Elle se redresse à peine en appui sur un coude et prend la main qui était liée à la sienne il y a quelques ahns encore " Tu kama unataka" (Seulement..si tu veux).
Sumanitu Tanka louche sur le doigt qui dessine son nez il était bien décidé à comprendre et surtout voir a qui appartiennent ces yeux d'un gris argenté comme les lunes "unafikiri macho kijivu wanataka Tanka kuruka kwa mwezi? (tu crois que les yeux gris veulent que Tanka vole vers les lunes?)" il va peut être rester dans le temple finalement, le plafond le protège!
Ash'een'aali rit en prenant un baiser à ses lèvres "Roho ya Tanka inaweza kuruka , Ash anajua" (L'esprit de Tanka peut voler, Ash le sait). Elle reste silencieuse à le regarder un moment avant d'ajouter " Kama moyo wako anasema kumfuata , unapaswa kwenda popote" (Si ton coeur dit de le suivre, tu dois suivre peu importe où).
Sumanitu Tanka n'était pas convaincu de vouloir voler, il préférait quand même au moins avoir les pieds sur une branche, un coup de dents furtif ira mordiller les lèvres qui s'approchent "Hivyo mimi niko tayari kurudi macho rangi kufuata (Alors je suis prêt à retrouver les yeux gris pour les suivre)'' se redressant à son tour en appui sur son coude.
Ash'een'aali songeuse d'un coup elle ballait la cavité de roche d'un regard. Il y a bien des chemins pour ce genre de voyage et elle ne sait lequel lui faire emprunter mais entre les plantes qu'elle retrouve dans ses possessions étalées au sol, et celles qu'elle conserve ici, dans l’alcôve protectrice du temple rien ne devrait lui manquer. Elle ira s'asseoir au bord du bassin naturel et d'une main tendue invite à la rejoindre.
Sumanitu Tanka ira s'installer au bord de l'eau se penchant légèrement pour y voir son reflet, ses peintures de guerre floutées par le mouvement de l'eau se reflètent comme des ombres sur son visage, il regarde ensuite ce que fait Ash commençant déjà à se préparer en respirant un peu plus calmement.
La main de Ash'een'aali en coupe puise l'eau qu'elle verse par bribes sur ses épaules pour humidifier la peau. Prenant place dans son dos elle frictionne avec une poignée de jeunes branches broyées qui laissent un parfum marqué sur la chair en effaçant les motifs peints " Hii si njia ambayo Askari tu kiume" (Ce n'est pas l'askari qui fera le chemin, simplement l'homme). Elle tentait à sa manière de faire comprendre l'humilité nécessaire à ce genre de quête mystique. Elle jettera au feu qui persiste les végétaux purificateurs qui brulent d'une épaisse fumée.
Sumanitu Tanka grogne par principe en la voyant le laver, il allait sentir bon! clair que Eos va pas louper de se foutre de sa pomme quand il va le renifler, les mots de Ash résonnent contre les parois du temple les rendant presque mystérieux "Na mikono ya mtu ni nini? Najua wale wa Askari (Et quelles sont les armes d'un homme? Je connais celles de l'Askari)" imaginant déjà qu'il perdrait tous ces réflexes de guerrier.
Ash'een'aali dans un bol osseux elle effrite quelques champignons rabougris avant de déposer la paume tendrement sur son front " nguvu zaidi kwamba mababu kutoa, nguvu ya roho , mizizi kwamba kuchukua wewe amesimama" (la plus puissante que les ancêtres offrent, force de l'esprit, les racines, qui te tiennent debout). Elle le libère du contact aussitôt avec un étrange sourire, râpant en pâte la pulpe orangée d'une racine d'iboga.
Sumanitu Tanka ne quitte pas des yeux Ash et se demande si c'est là qu'il doit commencer à s'inquiéter, elle semble vouloir dire qu'il va se prendre un shoot mémorable "Kisha mtu itakuwa na roho Askari (Alors l'homme aura un esprit d'Askari)" suivant des yeux sa main qui vient se poser sur son front.
Ash'een'aali avec attention, elle complète le mélange savant d'herbes et autre poudres. La composition variait toujours selon le voyageur et les murmures impalpables si ce n'est pour elle qui résonnaient comme un souffle dans le temple lui dictaient quoi faire. Elle ira poser le récipient sur la braise et relève ses prunelles sombres sur Tanka en s'étirant, tout en lenteur "Natumaini wewe , Askari" (J'ai confiance en toi, askari). Elle retourne à ses affaires éparpillées et revient aussi vite vers lui en desserrant les liens d'une bourse de cuir, libérant dans un tintement sur la roche brute une poignée de pierres polies aux couleurs variées " Kuchagua moja , itakuwa kiungo wako kati ya dunia" (Choisis une, elle sera ton lien entre les mondes).
Sumanitu Tanka n'avait pas loupé le sang de la racine orangée et suppose qu'il devra l'ingérer, sa femelle semblait repartie dans son monde, à l'écoute de voix inaudibles pour lui, il l'observe toujours autant fasciné et finit par s’intéresser aux pierres qu'elle éparpille devant lui, il en choisira une tout à fait quelconque, une grise puisque le regard qui le poursuivait était de cette couleur et l'approche de Ash en la poussant du doigt "Jiwe Hii itakuwa ni kiungo, ina rangi ya mwezi (Cette pierre sera le lien, elle a la couleur des lunes)''
Ash'een'aali range les autres pierres avant de glisser l'élue dans la paume de Tanka. Elle replie les doigts dessus avec une assurance qui refusait tout geste contrariant le sien " Huwezi huru , na huwezi kupoteza wewe ..the chini " (Jamais tu ne la lâches, et tu ne te perdras pas ..là bas). Elle lui sourit, se penche jusqu'à frôler ses lèvres et accroche un regard animal au sien avant de s'écarter, vive comme la flamme où elle jette une pluie d'herbes sèches qui saturent l'air d'un parfum acre et obsédant perturbateur de tous les sens "Una kusahau mwili, maumivu , kila kwamba ana wewe na kupiga mbizi katika ziwa kubwa ya akili yako , kwa njia ya kutafakari" (Tu dois oublier la chair, la douleur, tout ce qui te retient et plonger dans le grand lac de ton esprit, traverser le reflet). Elle extirpe le bol de la braise et souffle frénétiquement sur le liquide visqueux qui s'y est formé pour le refroidir.
Sumanitu Tanka aura frôlé furtivement ses lèvres qui s'éclipsent rapidement, l'odeur forte lui arrive vite au nez et c'est dans une grande inspiration qu'il écoute les mots de la Sangoma essayant d'oublier ce qui le retient sur Gor, il vide son esprit en se penchant de nouveau au dessus de l'eau pour y voir son reflet légèrement plus flou quand son esprit s'évade sous l'effet des herbes fumantes, il bascule la tête en plissant le regard sa vue étant de plus en plus trouble comme si l'eau était agitée.
Ash'een'aali nappera son doigt du liquide tiédi dans le bol et y goute avant de claquer les mâchoires, visiblement satisfaite elle ira l'offrir à Tanka " lazima kunywa" (tu dois boire). Elle presse le bord du bol à ses lèvres et passe une main dans ses cheveux. "Wewe wataisikia sauti yangu .. milele , na utakuwa kuniambia nini kuona, nini kuhisi" (Tu écouteras ma voix.. toujours, et tu me raconteras ce que tu vois, ce que tu sens).
Sumanitu Tanka avait déjà l'esprit troublé par les herbes et prend le bol pour boire la mixture âpre jusqu'à la dernière goutte acquiesçant de la tête à la voix de Ash qu'il perçoit différemment, il ne sentait d'ailleurs plus son corps de la même façon comme si sa volonté n'était plus liée à lui, seule sa main était scellée sur la pierre grise qu'il gardait précieusement, ça le déstabilise sur l'instant mais la caresse de sa femelle l'apaise aussitôt et il se penche de nouveau sur son reflet flou, le mouvement lent de l'eau avait un effet hypnotique qui l'emportera lentement de l'autre côté "Najisikia upepo safi ya mwishoni mwa msimu wa moto, mimi kuhisi mvua kwamba kuongezeka kwa mbali na nchi baridi (Je sens le vent frais de la fin de la saison chaude, je sens la pluie qui se lève au loin et la terre froide)" il lui exprime ce qu'il ressent alors quand il passe de l'autre côté, ses yeux ne voient rien, mais son nez et sa peau dépassaient ce sens "Mimi naona kitu, lakini mimi kuhisi harufu ya moto na joto kwamba anakuja karibu, Mimi naona kitu .. (Je ne vois rien, mais je sens l'odeur d'un feu et sa chaleur qui se rapproche, je ne vois rien..)" C'était comme si on lui avait enlevé ses yeux, une sensation oppressante pour Tanka qui serre un peu plus fort la pierre grise dans sa main "Nasikia wimbo na ngoma ... Najisikia uwepo karibu yangu (J'entends un chant...et des tambours, je sens des présences autour de moi)"
Ash'een'aali sourit, elle ferme les yeux les fumées vaporeuses auront tôt fait de l'emmener elle aussi à la rive des mondes. Assez proche de Tanka pour qu'il sente son souffle mais sans jamais le toucher "Nasikia wewe , wewe hakuwa na haja ya macho yako kuona , kuniambia tena" (Je t'entends, tu n'as pas besoin de tes yeux pour voir, dis moi encore).
Sumanitu Tanka ne cède pas à la panique quand il cherche à voir avec ses yeux, il s'imaginait pas que l'autre côté soit aussi compliqué à appréhender, il se concentre donc sur ses autres sens et explique à Ash qu'il est maintenant dans un endroit clos, il peut distinguer dans le brouhaha de voix qui échangent autour de lui dans une langue incompréhensible, comme si c'était un bruit de fond que les personnes sont en cercle autour du feu qu'il entend plus clairement crépiter, une voix plus forte que les autres s’annonce et met l'assemblée au silence, les tambours reprennent mais sans les chants, juste la voix grave qui semble trembler comme si la personne dansait...il sent une odeur plus forte lui chatouiller les narines et la voix qui s’arrête en même temps que les tambours comme si l'instant était religieux, de longues Ihns s'écoulent et au loin très loin un hurlement couvert par le chant du vent et dans l'ihn suivante la voix grave devient compréhensible "Sumanitu Tanka!"
Ash'een'aali l'écoutera lui décrire ses visions, peignant dans son esprit la scène pour la partager et vite elle en comprend l'essence. C'est la voix d'un shaman qui s'élève pour prononcer son nom, la première fois. Elle arbore un sourire trouble avant de lui murmurer "Kiume mmoja aliigundua mizizi yake , babu yake, lazima kuongeza wewe sasa na kuangalia" (L'homme a trouvé ses racines, ses ancêtres, il faut t'élever maintenant, et chercher).
Sumanitu Tanka se rend compte qu'il n'est pas coincé dans cette hutte, il peut en sortir et ne tarde pas a trouver la sortie laissant les cris de joies derrière lui il se retrouve à l'extérieur mais sans rien voir, il peut juste sentir que le vent est aussi froid que la terre sous ses pieds, qu'il est porteur de cette odeur étrange qui annonce la pluie... il entraînera Ash dans son rêve étrange qui le ramène sur ses terres natales, il se baisse pour en ramasser dans sa main et les yeux gris apparaissent à cet instant, il peut les voir et il les décrit à Ash en avançant pour les suivre, l'animal laissera une trace au sol, une marque qu'il dessinera sur le sol du temple en plongeant son doigt dans le fond du bol pour prélever des pigments orangés, sa marque, sa griffe "Mimi naona mtoto wangu kucheza kwa macho kijivu (Je me vois enfant jouer avec les yeux gris)" il avait juste gardé en mémoire ce coup de griffe qu'il avait infligé à la terre, il ne se souvenait pas qu'il reproduisait la patte de son totem.
Ash'een'aali elle rouvrira les yeux pour suivre le tracé qu'il laisse sur la pierre, ce symbole qu'elle reconnait facilement puisqu'il en décore tout ce à quoi il tient "Ni bidhaa yako, ni kijivu macho zawadi" (C'est ta marque, c'est un don des yeux gris) souffle-t-elle en l'encourageant à continuer.
Sumanitu Tanka se sent entrainé par le regard gris et le suit il le voit tournoyer autour de ce marchand à la peau sombre, le hurlement s'entend de nouveau au loin comme un mirage sonore qui le hante "Mimi bado anaweza kusikia kishindo kama aliunga katika mawazo yangu, na macho rangi ya kucheza karibu kiume wenye ngozi nyeusi, ambao kuniambia hadithi kuhusu tharlarions ya Shendi (J'entends encore le hurlement comme si il résonnait dans mon esprit, et les yeux gris dansent autour d'un kiume à la peau sombre, celui qui me racontait les histoires sur les tharlarions du Schendi)" il se souvient de ce jour où il a décidé de quitter les terres nues du nord pour rejoindre le Shendi, un son de flute apparait, une mélodie qu'il joue très souvent, il se retourne sur la musique et voit danser les flammes d'un grand feu, les yeux gris s'en rapprochent et dans les cendres incandescentes qui jaillissent des flammes dans une fine pluie de couleurs orangées, les yeux gris se secouent et se dévoilent enfin, un magnifique Kalbat gris s'approche de Tanka et le dépasse pour s'éloigner loin du camp qui lui a donné le jour, les hurlements retentissent de nouveau comme un appel, il suivra son guide sans se retourner persuadé de son choix "Ni Kalbat ni kijivu kama majivu na inaongoza mimi Shendi, mayowe am (C'est un Kalbat, il est gris comme les cendres et il m'entraine vers le Shendi, les hurlements m'appellent)"
Ash'een'aali sourit et le voile de ses paupières tombe à nouveau. Elle se laisse mener par les mots et sensations qui sculptent le paysage de ses visions, le mirage d'une étrange mélodie venue d'un autre temps qui vacille entre leurs souffles. Toujours murmurée, sa voix qui revient en rappel impalpable "Am ... kama moyo wako akikuambia" (Suis le ... si ton cœur te le dis).
Sumanitu Tanka voyait déjà les pas du kalbat disparaître alors il se met à courir pour le rattraper s'éloignant peu à peu des terres des Barrens, il était accompagné de son Kaiila à son départ mais il ne le voit pas, il est seul avec l'animal, il ne sent même pas son corps et continue de flotter dans ce rêve étrange qui lui montre plus clairement les signes qui l'ont guidé, les hurlements ne s'arrêtaient pas, ils étaient même de plus en plus clairs, ils insufflaient une force que Tanka pouvait ressentir comme si il se remplissait d'une nouvelle énergie en approchant "Najisikia howls hii kuboresha yangu kwa nguvu na mimi ni Kalbat kwamba anaendesha mbele yangu, yeye anaendesha kwa mayowe ... (Je sens ces hurlements me nourrir d'une force et je suis le Kalbat qui court devant moi, il court vers les hurlements...)" le décor autour de lui change et c'est la boue qu'il sent sous ses pieds, la moiteur de l'air, les odeurs de la terre détrempée, il était dans le Shendi, le Kalbat se met à l'arrêt reniflant devant lui, les hurlements au loin s'arrêtent et le silence est lourd, il entend un rugissement et le Kalbat contournera sa proie avant même de montrer sa présence, Tanka pourra voir Ash et le félin qui l'attaque.."Mimi naona Tehila Yangu kuvamiwa na mnyama, na sasa naona Kalbat tayari kushambulia, ni bypasses yake na ghafla yeye leapt juu yake bite koo .... (Je vois Tehila yangu se faire attaquer par le fauve, et je vois le Kalbat prêt à attaquer, il le contourne et d'un seul coup il bondit sur lui pour le mordre à la gorge....)" décrivant ce qu'il voit sous ses yeux, c'était évidement pas le même souvenir qu'ils avaient tout deux en mémoire.
Ash'een'aali ravale un grognement , le souvenir du fauve troublant la quiétude jusque là conservée pour quelques ihns. Elle devait s'en défaire pour n'être que le guide rassurant dans la transe "Macho yako ni wa kwake ... unaweza kuona sasa" (Tes yeux sont les siens ... tu peux voir maintenant). Les mots à peine expirés dans un sourire dévoilant ce qu'elle voyait comme vérité "Kuendelea njia yako!" (Continue ta route !).
Sumanitu Tanka aura compris plus clairement son lien avec l'animal quand il le voit en action alors que c'est une flèche de Tanka qui prenait la vie du fauve, il suivra le Kalbat qui se remet à courir après avoir entendu retentir de nouveau les hurlements au loin, il sentait cette fois qu'il courait plus proche du sol, que les odeurs du Shendi lui arrivaient plus clairement comme si son odorat était décuplé, sa vision plus large lui permettait de voir plus loin, il entendait l'appel, il le ressentait à travers tout son être comme une évidence, et c'est devant une grande cascade qu'il s'arrête levant le museau sur une grande meute qui hurle à la lune...ils l'attendaient, là en plein milieu du Shendi "Nina macho kijivu, siwezi kujisikia kile anahisi, kuona nini yeye anaona na naona pakiti kuomboleza katika makambi Jang'ka juu maporomoko (Je suis les yeux gris, je peux sentir ce qu'il sent, voir ce qu'il voit et je vois la meute qui hurle, dans le camps Jang'ka au dessus des cascades)" c'était donc ces hurlements qui l'attirait vers le Shendi, le Kalbat avait retrouvé sa meute.
Ash'een'aali se fige, le lien s'est formé entre l'esprit de l'homme et celui de l'animal qui se sont reconnus, trouvés. Elle sait qu'il reviendra changé à jamais de ce voyage et étendra ses doigts légers vers le bras de Tanka qu'elle effleure jusqu'au dos de la main ou elle s'arrête, seulement à la dernière syllabe prononcée "Sisi sasa kurejea wewe kupatikana majibu , ni wakati . Jiwe katika mkono wako, kuangalia huko " (Il faut revenir maintenant que tu as trouvé les réponses, il est temps. La pierre dans ta main, regarde là).
Sumanitu Tanka était dans la peau de l'animal et profitait du moment en hurlant sous les lunes, il sentira les doigts lui effleurer la patte et la secoue comme gêné par quelque chose d'invisible, et c'est la voix de Ash qui le ramène doucement à la réalité et à ce caillou qu'il tient fermement dans la main, il quittera l'autre monde lentement quittant le corps de l'animal comme happé vers la lune baissant les yeux sur sa main qu'il ouvre lentement pour dévoiler la pierre grise qui le ramène complètement aux côté de Ash, il lève un regard un peu perdu sur elle le temps qu'il émerge de son rêve.
Ash'een'aali lui sourit et continue d'effleurer la peau jusqu'à la pierre dans la main qui s'entrouvre "Unaweza kuona mimi?" ( Tu me vois ?). Une pause marquée et son ongle frappe la surface de la gemme polie par les eaux " Mimi itabidi kufanya wewe kito " (Je t'en ferai un bijou). Elle le laisse retrouver ses esprits et fait silence maintenant, il faudra quelques ahns pour que l'effet du muti s'estompe entièrement, et les visions s'étaient déjà taries comme sa force première.
Sumanitu Tanka approche son visage pour frôler sa joue de la sienne "Yebo Tehila Mimi naona wewe (je te vois)" il était encore bouleversé par ce rêve si réel qui l'avait transporté dans certains de ces souvenirs, ceux qui l'ont guidé jusqu'au Shendi, l'esprit encore embrumé par la mixture de Ash il ira s'allonger sur les furs en restant pensif gardant en main la pierre grise qu'il regarde avec un certain intérêt.
Ash'een'aali rampe jusqu'aux fourrures ou elle s'allonge, pas loin de lui pour l'observer attentivement dans un silence religieux ponctué du seul crépitement du feu, avec cette fierté qui faisait briller chaque regard posé sur lui.
Sumanitu Tanka restera un moment à regarder la pierre grise gardant à l'esprit ce qu'il venait de vivre "Nadhani kalbat waliimba kwa ajili yetu usiku wa leo (Je crois que le kalbat a chanté pour nous cette nuit)" revenant à son dernier rêve qu'il avait évoqué au réveil, il lorgne sur le liens de cuir qui entourait leurs poignets il y a encore quelques Ahns et l'attrape en tendant son bras "Tehila anakubaliana na sadaka ya dhamana kwa macho kijivu? (Tehila est d'accord de faire offrande du liens aux yeux gris?)"
Ash'een'aali sourit et acquiesce de quelques brefs hochements de tête " Kiungo pia alifanya kwa roho" (Le lien est aussi fait devant les esprits). elle se redresse pour s'asseoir et assister à l'offrande faite.
Sumanitu Tanka ira chercher un peu d'herbe sacrée qu'il ramène régulièrement dans le temple, un lieu où il aimait venir prier, il l'allume aux flammes soufflant dessus pour ne laisser qu'une épaisse fumée s'en échapper, il pose ensuite le liens de cuir sur la relique de l'ancien Inkosi red savage comme pour conjurer le sort et s'installe en tailleur son bouquet d'herbe fumante en main pour chantonner une prière, il ressentait encore l'effet de la drogue et remercie son guide en lui offrant ce simple lien de cuir rempli de symboles.
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