mercredi 8 avril 2015

Tanka & Opaya

Je suis encore dans mon nid, j'observe la jungle, le spectacle depuis le haut de cette falaise du Shendi est magnifique, non loin du camp Jang'ka, Je sens le vent soulever mes plumes grises, blanches et brunes, cet appel de la liberté, ce grand ciel et cette verdure, tout me poussait à quitter mon nid avant les autres, Je sentais cet appel comme si rien d'autre n'existait, comme si je n'attendrai plus la becquée qui se fait longue, depuis combien de temps je n'avais pas mangé? Je me décide et grimpe sur le rebord du nid, je suis trop faible mais j'ai faim.

Je déploie mes ailes, je sais comment ça fonctionne, c'est instinctif et un regard vers le bas dévoilera l'étendue verte et ce vide qui appelle mes ailes, tout mon être sent cet appel, un grand bol de liberté juste sous mes serres....
Une silhouette avance dans la jungle, je peux même à cette distance voir que c'est un humain plein de plumes blanches et noires , et juste à côté un rongeur qui se faufile près d'un arbre, je le fixe, ma première proie, mes serres se desserrent du nid et je secoue mes ailes pour tenter mon envol, je suis très faible, mais je dois me lancer, mon décollage sera difficile alors je m'élance dans le vide cherchant à maintenir mes ailes ouvertes pour ne pas chuter, l'altitude est grande, je m'efforce de supporter la force du vent dans mes plumes, j'arrive à frôler les arbres, je le vois toujours ce petit rongeur qui sera mon futur repas, mais une branche plus haute que les autres me barrera la route, je la percute de plein fouet avec un bruit de craquement dans une aile, une douleur m'envahit et je termine assommée par le choc au moment ou je percute Tanka.

J'ouvre les yeux dans un abri, la lumière du jour perce les peaux de bêtes qui font office de tente, une odeur étrange s'échappe d'une fumée et cet humain qui me regarde et qui tire sur mon aile cassée, un cris strident sortira de mon bec crochu qui attaquera les doigts de Tanka, mes serres s'enfoncent dans la main qui me tient , mais je ne peut pas bouger, je ne peut que me résigner avec mon aile en moins....

J'ai tellement faim que je goutte au sang de l'humain qui semble décidé à m'aider, il finit par me nourrir de viande fraîche en me nommant Opoya, l'ombre d'un nuage. Ça devait être ainsi qu'il m'a vu débouler en plein sur lui.

La jungle est là, juste devant moi, je pourrait m'enfuir, donner un bon coup de bec et sautiller jusqu'à cette arbre juste devant, mais quelque chose en moi me pousse à rester, l'instinct de survie très certainement, ici, j'ai peut être une chance de m'en tirer, dehors, je vais me faire dévorer par un prédateur, je serai la proie idéale...

Une attelle maintiendra mon aile quelques jours, pendant tout ce temps Tanka prend soin de moi, me nourrit et me parle beaucoup, son chant est apaisant, il me rassure, j'ai trouvé un nouveau nid, je m'habitue aux sons, à cette jungle, je la voyais de très haut et je suis maintenant dans son ventre, je ne sais combien de temps encore je vais devoir me déplacer sur mes serres et me hisser avec mon bec, ces quelques jours me paraissent bien longs, je n'avais goûté à la liberté que trop brièvement et j'ai peur maintenant de m'envoler de nouveau, il allait bien falloir que j'y parvienne parce qu'on m'enlève maintenant cette attelle qui m'empêchait de bouger mon aile librement.

Les deux jours suivants, je reste dans la tente, comme si j'étais encore blessée, Tanka me nourrit toujours de la même manière parlant toujours autant, je ne comprend pas les mots mais je l'observe, j'écoute son corps, les mouvements de sa tête, les claquements de sa langue, les mouvements de ses mains, il semble vouloir me voir voler de nouveau et me racontait une légende, si j'avais pu comprendre ces mots, j'aurais comprit ce qu'il me préparait.

Il me prend sur son bras et m'emmène sur la colline, juste au dessus de la plage, là il m'avait installé un perchoir avec une simple branche prélevée dans la jungle, il me pose sur le perchoir et montre le ciel de son doigt en me disant quelque chose, je ne suis pas stupide, j'ai bien saisi qu'il voulait que je m'envole, mais trop froussarde, je restais accrochée à la branche le regard vers Tanka, mon bec qui signalait mon mécontentement claquait sans arrêt. Tanka se met à faire bouger ces bras comme pour montrer un envol qu'il n'arrivera pas a prendre non plus et je le vois bouger devant moi, il continue sa légende que je ne comprend pas et ...tout à coup... il fait tomber la branche et je n'ai d'autre choix que de pousser sur mes serres pour m'envoler, il avait réussi, je vole, et la peur c'est enfouie au moment où j'ai quitté cette branche, je suis plus forte, j'ai bien mangé, mon aile est bien en place et je peux vraiment m'éclater dans ce ciel avec l'immensité du Schendi à perte de vue...

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